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Comme en Semence

Comme en Semence
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20 mai 2006

Floraison 2 (Bauhaus)

bauhaus1

Et crie.

De l'angle mort du monde. Là où il devait dormir. Là où il dormait encore, peut-être.

Il peinait à s'extraire, ne savait pas, même, s'il avait vraiment crié.

Il avait dû rêver qu'il criait. Le cri, lui, était resté coincé dans l'amertume de sa bouche.

Quelque chose l'avait tiré du rêve.

Une déchirure, d'un coup, dans le cocon du sommeil, et cette sensation d'urgence.

Nausée.

Le cœur, affolé par il ne savait trop quoi, papillon cognant contre la vitre de l'éveil à s'en faire mal, tamtamait en battements mats et lourds.

Lourd. Tout lui semblait si lourd. L'air de la pièce. Sa main sur sa cuisse.

Ne pas bouger.

Le cœur seul court...

Ses paupières.

Ne pas ouvrir les yeux, pas encore.

Il couvait cette oppression d'une inertie douloureuse. Toute incertitude valait mieux. Etirer le temps, celui de l'attente, dans la contrainte immobile.

Il trichait. Avec sa peur d'être déçu.

Parier :

S'il entendait crier un oiseau de nuit avant de battre des paupières, alors il ne s'était pas trompé.

Parier.

Que la solitude n'était qu'un leurre. Que cette présence voulue, invoquée en vaines libations, n'était pas illusion.

Parier.

A se faire mal dans la tension de la gageure.

L'espace d'un instant croire que le silence pouvait donner corps au semblable.

Garder les yeux clos, farouche. Sur l'accroc d'un soupir.

Toute l'émotion ne pouvait s'enserrer dans la poigne du vouloir... En grains de sable, elle déchirait sa poitrine.

Il savait que le souffle trahissait.

Celui du Dormeur n'était plus.

Il attendait que réponde celui du Veilleur.

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14 mai 2006

Floraison 1

Les Arabesques costumées

            s'envolent

            et investissent

le monde

D'oniriques pensées, libérées par le sang noir,

meurtre de lui-même ;

                        cadavre couché à même le linceul,

figurent l'encre qui roule et se déroule.

Ephémère lueur, éphémère...

Et les abeilles vont y butiner

Figées sur le cristal de la Fleur

Ivres de son Sang. Laborieuses.

Arrachées à notre douleur

Promesses de l'élixir apaisant

versé dans la gourde

du Créateur

Les saisons ont été métamorphosées.

Ensuite,

L'abeille a quêté sa rencontre avec le serpent

Dans leur entier consentement.

Aucune fuite.

Ensemble, là, ils se sont posés,

Tétanisés par leur indicible impuissance à jouir.

Fascinés par ce souvenir.

Arrachés l'un et l'autre

Sur cette douleur, celle de l'apôtre

Lorsque les saisons se sont métamorphosées.

Il s'était assis. Et il allait, lui semblait-il, assister à sa fiction.

Dans un mouvement rapide et frais, il s'était assis.

Dans un lieu où l'espace s'installait allègrement vaporeux.

A la lueur de sa conscience, le souffleur de verre lâchait, au fond de sa gorge, victime heureuse, les fauves amères et attendus.

Alors, sur l'approche de la table, il déposa son verre à moitié vide. Dès lors, la semence de son enivrement à venir se couchait dans ses entrailles. Elle s'entendait. Elle s'allongeait.

Il savait qu'il se noierait, alors, pour rencontrer ce moment étrange entre le jour et la nuit, entre toi et moi, entre la mort et la mitre du pape.

...D'élégantes abeilles brillantes terrassent l'ancien monde. Elles sont l'armée de la connaissance. Celle de la réalisation de sa quête. C'est le vertige du sillon. Celui de la possession de son tracé futur, épanoui. Celui rôdant dans une errance telle que l'espace de son lieu s'est entr'aperçu, fuyant et enrôlant la ficelle de son lieu. Celui, enfin, qui saigne le linceul onctueux d'une autre enveloppe veloutée. Vertige de la connaissance du recommencement.

Il marche sur l'aube emperlée, orgasme clos. Et, là, hurlante, posée voila, assise sur son propre vertige, l'acanthe ondoie au rythme de la musique de sa vie.

Noyé dans le gris à peine lumineux de la pièce, la trombe de lumière pénètre cacochyme et figée. Elle lâche sa traînée d'aquarelle vaporeuse. Le murmure muet de la salle ondule et vient s'abattre contre lui. Se fracasser contre le mur de son regard. Le pétillement de la lumière rendait la lourdeur de la pièce à peine supportable pour quelqu'un qui se serait planté comme juge d'un moment qui s'écoule. Le vertigineux frétillement de cette clarté noire, le bouleversement des particules juste visibles, à la limite de la sensation, à la frontière de l'imaginaire visuel, le plongeait dans une mélancolie âpre et mielleuse à la fois. C'est alors que le moment de fermer les yeux s'offrait à lui. L'enivrement atteignait son épanouissement. Bercements feutrés. Longues ondulations conduisant là où le mot avoue son échec de reconnaissance

mais où il savoure le sillon de la trajectoire.

Inondation maligne :

Jaune éclaté. Epais et fragmenté.

Sa marche avait l'odeur de l'été. Les abeilles souriaient et saluaient l'allégresse de la volupté.

La lourdeur de leur désir.

Vert. Couvert et tétanisé ; vert entier.

Enfant, il est resté, les yeux fixés sur l'odeur de l'été.

Enfant, il avait déjà suspendu son désir, offert en pitance.

Ocre. Consacré et strié : Ocre.

Enfant il avait buté sur la toile.

Mais l'araignée avait déjà filé le tubulaire sillon.

Et le lac s'est asséché, laissant son corps sur le limon du désir.

Enfant, il s'était allongé sur les traces mortes de son corps, l'haleine s'élevait alors en faisceaux évanescents et onctueux. Le ciel, ébloui, ferma les yeux et les étoiles glissèrent sur son sein.

Alors, un vent de poussières d'eau, escorté par les abeilles et le serpent, à la saveur des couleurs, avait bercé l'Enfant.

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Le voilà presque aphone dans l'odieuse convoitise d'une volupté rêvée.

Il s'était enfanté, dans un crissement d'herbes sèches. Un arrachement de papier de soi.

La déchirure du cocon l'avait ébloui de sa polychromie.

Il s'était cru papillon débarrassé d'une enchâssement fallacieux.

Il avait cru.

A la splendeur des étoiles dans le ciel, à leur mensonge de lumière. A la grenade des passions, pourpre et déjà mûre, prête à éclater dans le murmure des abeilles. Au goût du nectar jusqu'à l'ivresse.

Il avait cru.

Qu'il suffisait de déployer les ailes pour échapper à toute pesanteur.

Il avait cru au pas en avant.

Il ignorait tout de l'agglomérat compact qui broie, de sa fission de larmes, l'élan sublime du vouloir.

Il n'avait fait qu'un pas de côté.

Pour mieux se laisser choir.

Et son cœur, dans sa poitrine, avait eu ce vrombissement douloureux d'abeilles impatientes.

Jardin fermé. Vert profond, comme un abîme immémorial...

Rechercher, à travers sombres et doux frémissements, l'unité première. L'ailleurs qu'il ne pouvait tenir en refermant ses bras. Pas plus, ses yeux n'enfermaient le vol des oiseaux, le ballet des insectes capricieux, le vertige des racines.

Il buvait. Le ciel et la cime des arbres. La nudité du temps. Comme un alcool fort.

Et parmi les fleurs aux lourdes carnations odorantes, il faisait le lit de ses silences.

En somnambule. Pour célébrer les noces inutiles de la terre.

Homme béant aux merveilles soupirantes d'un mitan ensoleillé d'espérances, il avait froid.

Partout. Là où nul n'avait laissé de regard.

Dehors, le printemps secouait, goutte à goutte, ses nonchalances aqueuses sur le contre-jour des sarments. Dehors.

En lui, pareillement, quelque chose ruisselait sur une promesse de flammes. La saveur d'une bouche dévorée. L'odeur du lit noir. La danse de ses mains qui ne savent plus voir. La fièvre. Les luttes...

L'essaim des illusions fabriquait un miel amer, comme un soleil métallique accroché à la voûte de l'enfer.

Le passé claque la porte du souvenir aux portes du présent.

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